Le café à l’heure du défi climatique

Le 28 septembre est la Journée mondiale du café. Principalement fêté au Canada, aux États-Unis ou en Malaisie, elle est aussi fêtée en Afrique, en Éthiopie. La consommation mondiale de café est estimée à 255 kilos par seconde, soit 8 millions de tonnes. Et elle ne cesse de progresser. Cependant, le changement climatique a des impacts sur sa production et pas des moindres…

L’Afrique n’est pas un grand consommateur de café. Sa consommation annuelle reste inférieure à un kilo par habitant. Exception faite de l’Éthiopie avec 2,27 kilos par personne dont la consommation fait partie de la culture ancestrale. Le continent se place loin derrière l’Europe mais la tendance est en train de changer.

Car l’Afrique subsaharienne est réputée pour la qualité de ses fèves. Les 3 principaux producteurs de café sont l’Éthiopie, l’Ouganda et la Côte d’Ivoire. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’Éthiopie enregistre une production de 6.5 millions de tonnes pour la période 2015/2016. Suivi de l’Ouganda, au moins 3.8 millions de tonnes et la Côte d’Ivoire avec 417 000 tonnes. Viennent ensuite la Tanzanie (900 000) et le Kenya (840 000), respectivement classés 16^ème et 19^ème au classement mondial des pays producteurs de café.

« L’Afrique est la prochaine frontière pour le café » selon Robério Oliveira Silva, directeur exécutif de l’organisation internationale du café (ICO). En effet, 5^ème producteur de la planète, l’Éthiopie est réputé pour la qualité de son arabica, en plus d’être à l’origine de la consommation de ce breuvage. Le pays se positionne aujourd’hui comme l’un des plus grands marchés de café en Afrique. En 2015, 127 000 tonnes de la fève y ont été consommé : un quart des ventes du volume total du café vendu dans la zone moyen-orientale et africaine.

« L’Afrique est la prochaine frontière pour le café »

Cependant, l’Éthiopie comme d’autres pays d’Afrique de l’Est pourraient être contraints d’arrêter la production de café. En cause ? Les effets du réchauffement climatique. D’ici 2050, ils auront comme conséquence la réduction de 50% des surfaces favorables à la culture de café, selon un rapport de l’Institut australien du climat.

Le café à l’heure du défi climatique

En effet, en Éthiopie l’arabica pousse en altitude à l’ombre des feuilles de bananiers ou de cacaotiers (tout comme au Kenya par exemple). Avec une température idéale entre 18 et 25 degrés. Or l’augmentation des températures a un effet désastreux. L’aridité des terres favorise le développement des maladies et la prolifération des parasites. Sans parler des attaques d’insectes. S’ajoute à cela la déforestation qui engendre en Éthiopie mais ailleurs aussi (Soudan du Sud) des forêts fragmentées, entrainant une perte en biodiversité.

Ailleurs comme en Tanzanie, les inondations, les pluies diluviennes alternées avec des périodes de sécheresse plus ou moins longues n’aident pas les petits exploitants. Compliquant leur tâche dans la planification, l’organisation de leur production ou tout simplement à la floraison des caféiers. Les producteurs de café cultivent en effet un arbuste possédant une souche génétique incapable de tenir face aux évolutions climatiques futures.

Et bien que ce soit dans les difficultés qu’émergent les innovations, s’adapter pour continuer à produire, a un prix. Créer de nouvelles variétés de café, développer des plants plus résistants, se tourner vers l’agroforesterie ou encore le robusta ne s’improvise pas. Certes, passer de l’arabica (qui ne pousse pas avec la chaleur) ou robusta semble inévitable pour le continent africain.

Car l’Afrique – comme dans le reste du monde – voit fleurir  des chaînes de café, internationales (comme Starbucks) mais surtout locales (Comme Café Néo au Nigéria). Partout sur le continent de plus en plus d’enseignes de ce type apparaissent. Une bonne nouvelle pour les producteurs qui verront la part des consommateurs locaux augmenter voire exploser…

Pour aller plus loin : World Coffee Research

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