COP21: que peut attendre l’Afrique?

Paris a été choisie pour être le siège de la 21ème Conférence des Nations Unies sur les Changements climatiques, la COP 21. Les événements débuteront même un jour plus tôt que prévu, le dimanche 29 novembre, au Bourget, au nord de la capitale française. Ils dureront jusqu’au 11 décembre, malgré le défi sécuritaire. Les enjeux sont colossaux :  mises en place de grands projets en matière d’énergies renouvelables, objectifs de dépollution, et surtout l’obtention d’un accord. Mais l’Afrique est aussi au cœur de nombreuses problématiques.

Les scientifiques sont unanimes : il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre mondiales de 40 % à 70 % d’ici 2050, et les ramener à un niveau proche de zéro d’ici la fin du siècle. L’Afrique contribue le moins aux émissions de gaz à effet de serre mais paradoxalement souffrirait le plus des impacts du changement climatique: selon GreenPeace, plus de 180 millions de personnes en Afrique sub-saharienne pourraient mourir à cause du changement climatique d’ici à la fin du siècle.

L’objectif répété de la France reste de parvenir à conclure un traité capable de limiter le réchauffement de la planète sous les + 2° C à la fin du siècle. Selon l’association Greenpeace, la France se doit de manifester une « volonté politique inébranlable » et la COP21 donne au Président François Hollande « l’occasion d’assumer le rôle de défenseur du climat auquel il prétend ».

Aucun des 140 chefs d’état devant assister à la Conférence ne s’est finalement désisté. Une démonstration de fermeté qui laisse leurs chances à ces discussions. Et le rôle de l’Afrique sera plus important que jamais. Il semblerait que les pays d’Afrique aient choisi d’être unis sur la table des négociations et décidé de parler d’une seule voix. Le continent a pour cela désigné un porte-parole commun pour tous les États représentés : l’ancien trader malien Seyni Nafo. L’enjeu est bien sûr financier: obtenir des financements pour parvenir à développer les énergies renouvelables, lutter contre la déforestation, promouvoir des pratiques agricoles intelligentes… Mais les pays chercheront aussi a obtenir de l’aide technique notamment à travers des transferts de compétences.

Plusieurs pays africain font désormais figure de bons exemples en matière de lutte contre le réchauffement sur la scène mondiale. C’est en premier lieu le cas de l’Éthiopie qui s’est engagé à se développer sans polluer plus avec un soutien international. Le pays a notamment mis en place le plus puissant parc éolien d’Afrique subsaharienne, alors que son ministère de l’Energie estime que le pays a besoin d’accroître sa production électrique de 20 à 25% par an. Grâce à ces énergies renouvelables, Addis Abeba s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 64% d’ici 2030. Il s’agit de l’objectif le plus ambitieux présenté dans le cadre la COP21. Rappelons que les «contributions nationales» qui fixent les efforts des états en matière de réduction des émissions pour la période 2020-2030. Dans la même lignée, le Maroc fait également partie des bons élèves en ce qui concerne ses engagements pour le climat. Quant aux autres pays d’Afrique ayant rendu leurs copies, leurs contributions sont jugées pour la plupart comme insuffisantes.

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a effectué du 20 au 22 novembre une tournée entre l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud pour s’assurer du soutien des puissances dites émergentes. « L’Afrique du Sud est un acteur majeur de la COP21, à la fois par son importance propre, par sa position au sein de l’Union africaine et aussi parce qu’elle est à la tête du G77 », a-t-il déclaré, à Pretoria. Le « G77 + Chine » réunit 133 pays en développement plus la Chine. Mais la première économie du continent, le Nigeria, pays le plus peuplé également, est resté très discret sur ses promesses.

Que ressortira de la COP21 ? Un accord contraignant ou une nouvelle désillusion ? Une chose est sûre, de plus en plus d’acteurs économiques africains innovants ont déjà entrepris de faire bouger les lignes à leur échelle.

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