La COP22 s’est achevée le vendredi 18 novembre au soir à Marrakech, après une douzaine de jours de négociations. Tous les pays participants ont affiché une unité face à la nécessité de mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat (le texte vise à limiter à 2°C le réchauffement climatique). Néanmoins, malgré une détermination à relever le défi climatique, le secteur de l’agriculture reste perdant.
La COP22 à Marrakech devait être la COP de l’action mais malheureusement elle ne sera que la COP de la déception. En effet, très peu d’avancées en ressortent, notamment pour l’Afrique et tous les pays en voie de développement. La conférence marocaine aura seulement servit à réaffirmer l’engagement des chefs d’État à affronter le réchauffement climatique. Rien de plus.
Côté financement, si la dotation de l’enveloppe de 100 milliards progresse, les discussions sur les modalités d’utilisation des fonds demeurent difficiles. Les États ne sont pas toujours d’accord sur les priorités à donner à l’atténuation, ce que demandent les pays développés, ou à l’adaptation, exigence des pays en développement qui, pour la plupart, affrontent déjà les conséquences des changements climatiques
Des négociations qui ont été difficiles aussi et surtout à propos du Fonds d’adaptation, n’obtenant qu’une promesse de 81millions de dollars. Selon Seyni Nafo, chef des négociateurs africains à la COP22 : « Ce fonds est une question centrale, car il finance des projets concrets d’adaptation« . Entendre par là, constructions de digues, surélévations d’habitats rendus nécessaires par la menace climatique etc.
Et donc initier une réelle adaptation des pays africains face aux effets du changement climatique. Mais là aussi, l’échec semble refléter le peu de volonté des pays développés. L’Afrique espérait une enveloppe plus conséquente.
En dehors de ce fonds, l’autre déception africaine est liée à l’agriculture. L’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture africaine, le fameux Triple A n’a pas réussi à obtenir des financements malgré le soutien de plus d’une vingtaine de pays africains. Portée par le Maroc, certaines ONG ont accusé Rabat de vouloir capter une partie des fonds en promouvant le recours aux engrais phosphatés. Le pays étant l’un des leaders mondial de producteur de phosphate. Une mauvaise publicité pour l’agriculture ? Il n’en reste pas moins que le secteur ne semble pas aussi important que la réduction du réchauffement climatique.
C’est bien comme cela qu’il faut le comprendre. L’agriculture africaine n’est pas une priorité dans la lutte contre le changement climatique malgré une mobilisation sans faille de ses principaux initiateurs. En tête de cortège le Royaume du Maroc. Alors que l’adaptation de l’agriculture ne perçoit que 16% des fonds climat quand on sait que les agriculteurs africains sont durement frappés par le changement climatique.
Pourtant tous les chefs d’États sont d’accord sur le fait qu’il faut réformer l’agriculture. Mais il n’en reste pas moins que cette conscience ne suffit pas pour trouver les leviers nécessaires et l’indispensable consensus. Il a donc été décidé que les discussions seraient reportées à l’année prochaine.
Oubliant au passage que l’agriculture pourrait être une partie de la réponse au problème du réchauffement climatique. Grâce par exemple à la photosynthèse des cultures. Ce procédé – qui a fait ses preuves au Maroc – consiste en une réaction chimique par laquelle les plantes absorbent la lumière et la retransmettent en sucres et en oxygène.
Certaines politiques marocaines d’adaptation au changement climatique comme le plan Maroc vert ont permis de limiter les dégâts. Comme par exemple transférer la culture du blé dans des zones plus adaptées… Un chemin que pourrait prendre le reste du continent africain. Mais il faudrait pour cela que l’adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques soit réellement financée.