L’exploitation durable de la forêt est un des enjeux majeurs de la protection de l’environnement sur le continent africain. Réserve de bois et d’espaces verts, il est aussi menacé par des exploitations trop rapides et anarchiques de bois et de ressources sylvestres. Et malheureusement, en Afrique, la forêt continue de reculer. Contre la déforestation, des mesures existent pourtant et des labels de forêts gérées durablement se mettent en place. Tour d’horizon.
Un signe qui ne trompe pas : le Congrès forestier mondial affirme que la planète a perdu 129 millions d’hectares de forêts en 25 ans, soit l’équivalent de la superficie de l’Afrique du Sud. Et le continent africain est loin d’être épargné. Organisé tous les six ans par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce Congrès s’est tenu pour la première fois sur le sol africain, à Durban, en septembre 2015. Y a été rappelé que quatre pays africains figurent sur la liste des dix pays où la déforestation est la plus rapide au monde: la Sierra Leone, le Liberia, la Guinée, la Guinée-Bissau, ainsi que la zone du le Bassin du Congo (Cameroun, Gabon, RCA, RDC). En RDC, qui comprend les plus vastes forêts d’Afrique, l’absence de réglementations a fait exploser la coupe illégale d’espèces menacées, comme le bois Wengé.
Avec l’explosion des cultures de palmiers à huile et d’hévéas, toute l’Afrique connaît un nouveau regain de déforestation, comme le souligne l’association Greenpeace dans son rapport publié ce mardi 23 février. «On assiste actuellement à une véritable ruée sur les forêts africaines», précise l’ONG dans ce document de 28 pages, car « les investissements s’y multiplient, attirés par des conditions climatiques idéales et surtout par des réglementations peu contraignantes, non appliquées ou particulièrement favorables aux investissements étrangers. »
La capitale ghanéenne, Accra, doit bientôt accueillir la conférence « Forests for the Future – New Forests for Africa », du 16 au 18 mars 2016, en présence de l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. Le but sera de trouver des recommandations en termes de bonnes pratiques de reforestation ainsi que des financements.
Heureusement, grâce au travail d’ONG environnementales et des associations de consommateurs, les grandes entreprises agro-alimentaires se voient de plus en plus obligées de s’engager à appliquer le principe « zéro déforestation », notamment en ce qui concerne leur production de grandes commodités agricoles (huile de palme, cacao, soja). Ces productions sont responsables d’environ 70 % de la déforestation mondiale. Plus de 80 % des terres déboisées dans le monde le sont en effet pour des usages agricoles. L’agriculture industrielle compte pour un tiers de la déforestation en Afrique.
Aux engagements « zéro déforestation » des grandes entreprises en recherche d’une meilleure image s’ajoutent les espoirs engendrés par le programme REDD des Nations Unies (pour « Reducing emissions from deforestation and forest degradation« , en anglais, ou Réduction des émissions liées à la déforestation et la dégradation des forêts). Mis en place en 2008, ce mécanisme (et le suivant, REDD+) a pour but de compenser les pertes de revenus liés aux actions de reforestation pour les pays en développement
La Côte d’Ivoire tente aussi par exemple de mettre en place une stratégie nationale REDD+ autour du découplage du développement agricole et de la déforestation. Dans un premier temps seront mis en place des dispositifs pilote de « paiements pour services environnementaux (PSE) », à savoir des dispositifs financiers par lesquels des agents économiques sont rémunérés pour mettre en œuvre des pratiques contribuant à maintenir, produire ou restaurer un « service environnemental », c’est-à-dire une action utile à la préservation des écosystèmes. Par exemple, des mesures de gestion de l’eau, la préservation des forêts, de la biodiversité et des paysages…
Le concept de « zéro déforestation » est cependant ambigu et sa mise en œuvre difficile, et les financements restent difficiles à trouver. Mais ces initiatives ne sont, il faut l’espérer, qu’un début et le révélateur d’une prise de conscience.
Plus aller plus loin : Présentation vidéo de la conférence Forests for the Future, New Forests for Africa!